L'existentialisme origine

Bonjour !
une légère précision, Kierkegaard ne s'est pas appelé ''existentialiste'', il n'a pas non plus nommé sa philosophie ''existentialisme'' ; dans une entrée de son journal, qui est en fait le brouillon d'une lettre de sa jeunesse, il envisage diverses professions, parmi celles-ci il y a le naturaliste. Il aime la vie, mais pas sous une forme proprement scientifique et naturaliste, il veut plutôt étudier ce qu'il nomme la ''philosophie de la vie'' ; on peut entendre par là la vie, sous l'éclairage ou sous l'optique de la subjectivité (d'ailleurs quand Michel Henry nie aux biologistes la prétention de pouvoir parler de la ''vie'', pense sûrement au Danois.).
Son grand combat est double, et théologique, et philosophique ; il nie à Hegel la prétention de réduire l'individu à une pièce dans un grand rouage, pour cela il s'appuie sur Socrate en opposant le professeur de philosophie au philosophe de la vie et de l'individu que fut le vénérable sage. Il reproche aussi à Hegel de réduire la foi à un moment dans l'histoire humaine (on peut aisément penser qu'il aurait de la même manière polémiqué chez nous contre Compte) qui doit être dépassé. Au contraire, selon K., la foi chrétienne est la quintessence de l'existence humaine, sa pleine expression pourrait-on dire. Dieu n'est plus une substance parfaite, etc. qui soutiendrait l'univers, lui conférerait son sens, contiendrait les vérités éternelles, etc. ; Dieu justifie désormais mon existence, il me permet de la réformer et de passer d'un stade de vie à celui proprement religieux. Comment ? Et c'est là que K. se trouve être très proche de M.Luther, par la bible. Je ne réformerais pas ma vie en disposant de quelques bonnes raisons de croire que Dieu existe, que Jésus est son Fils, que l’âme est immortelle, etc. Mais en vivant une vie conforme à la vie évangélique, en me saisissant de manière aimante des Écritures, et non pas en tentant de bricoler un système qui puisse raisonnablement établir, ce qui est dit dans la bible. K. n'est pas Leibniz ici, néanmoins je ne pense pas que K. soit un ennemi de la raison, etc. Je pense simplement que l'ordre de vérité propre à la vie subjective, n'est pas celui de la science. D’où la difficulté de parler de dire la foi, de la théoriser, c'est assez explicite dans Crainte et Tremblement, ''ce dont on ne peut pas parler il faut le taire'', le langage semble impropre à décrire une réalité et une vérité qui n'a de sens que dans le pathos de celui qui agit sous le regard de Dieu, - Abraham (c'est un point très intéressant à creuser, le langage et la foi, j’essaierai d’écrire un petit quelque chose là dessus, Wittgenstein fut un lecteur de K., il le cite à de nombreuses reprises dans la Conférence sur l'éthique ; nul doute que son respect pour ce qu'il appel ''l'éthique'' ou ''le sens de la vie'', lui vient de ce genre d'écrivain (Tolstoï, Augustin, K., Dostoievsky…) qu'il nommait ''sérieux'', là dessus, le livre de Bouveresse Que peut-on faire de la religion est fascinant et très facile à lire.).
Pour en revenir à l'église établie, K. l'accusait d'amenuir la porter proprement réformatrice de l'existence humaine, au profit d'une conception social et politique, là ou il y avait de la couleur et de la passion, l'église établie en fit quelque chose de gris et de morne ; ses discours édifiant sont particulièrement éclairant sur ce point (les seuls ouvrages qu'il publia sous l'auspice de son/prénom).
Voici en vrac quelques pistes de réflexion, et il y en a d'autres, K. fut tellement prolixe, sans compter le jeux des pseudonymes ou les écrits esthétiques… Un auteur pleinement fascinant cela est sur...