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Aristote - τὸ τί ἦν εἶναι

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Aristote - τὸ τί ἦν εἶναι  Empty Aristote - τὸ τί ἦν εἶναι

Message par Leibniz Sam 6 Fév - 15:06

bien le bonjour,

cette expression, Tricot la traduit par quiddité, littéralement j'ai l'impression que ça donne ''le quelque chose était être/exister'', quelqu'un aurait quelques lumières à m'apporter là dessus ?
D'autre part est-ce que le τὸ τί ἦν εἶναι a la même signification que la οὐσία (ousia) ?

Merci !
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Aristote - τὸ τί ἦν εἶναι  Empty Re: Aristote - τὸ τί ἦν εἶναι

Message par JérémyM Dim 7 Fév - 20:23

Ah ah, là tu rentres dans les points obscurs d'Aristote Razz

To ti èn einai, c'est effectivement le grec qui se cache derrière le mot "quiddité". Aristote en donne la définition suivante en Métaphysique, Z, 4, 1029b : "La quiddité de chaque être, c'est ce que chaque être est dit être par soi (kath'auto)". Puis, un peu plus loin en 1030a : "il y a seulement quiddité de ce dont la notion est une définition" autrement dit, il y aura quiddité "seulement pour les formes immanentes au genre, parce que, seules, ces dernières semblent bien ne pas être attribuées à quelque autre chose par participation (kata metokhèn), à titre de modification ou par accident".

Ça reste obscur, j'avoue, mais ça nous permet de comprendre plusieurs choses : La quiddité met plutôt l'accent sur l'aspect formel de l'être, en tant que la forme qu'elle exprime est forme d'une matière, ce qui était traduit plus haut par "forme immanente".

Ensuite, La quiddité n'exprime pas n'importe quelle dimension formelle de n'importe quel être, mais "ce que chaque être est dit être par soi". La quiddité, c'est ce qui fait qu'un être est ce qu'il est, ce qui fait l'identité de son être à travers le changement : chaque homme particulier, parce qu'il a la qualité essentielle d'être homme, existe en tant que sujet dont on peut prédiquer des tas de qualités accidentelles : le blanc, le noir, le grand, le petit, le gros, le maigre, etc... Ces qualités expriment l'aspect formel de cet homme particulier, mais n'ont rien à voir avec sa quiddité, qui seule assure la stabilité de son être à travers toutes ses modifications.

La quiddité s'identifie également à la forme commune à tous les individus appartenant à un même genre, en faisant bien attention de ne pas en faire une Idée platonicienne. La quiddité est ce qui fonde l'aspect générique et individuel de l'être, elle n'existe pas en tant que forme séparée à laquelle chaque être particulier participerait, mais plutôt, elle existe à chaque fois de manière identique dans chaque individu particulier appartenant à un même genre. D'où le fait que la quiddité regroupe "les formes immanentes au genre, parce que, seules, ces dernières semblent bien ne pas être attribuées à quelque autre chose par participation (kata metokhèn), à titre de modification ou par accident"

Et c'est pour cette raison que, du point de vue du langage, c'est la définition qui exprime la quiddité : ce qui est générique et identique dans le particulier pris dans le changement. Il s'ensuit qu'on ne peut pas donner une définition à proprement parler du blanc, de musicien, etc... qui sont des formes accidentellement attachées à des sujets et qui ne font pas que ce qui existe existe par soi.

J'espère que ça a pu aider. Pour finir rapidement sur l'ousia, le français correspondant c'est substance et sans rentrer dans le détail, ça désigne ce qui existe par soi, de manière autonome. Dans le domaine sensible, les substances sont donc des composés (sunolon) de forme et de matière, qui existent séparés les uns des autres : une pomme particulière, l'individu Socrate, etc... Donc substance (ousia) et quiddité (to ti èn einai) sont en relation mais ce n'est pas la même chose.
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Message par Leibniz Mer 10 Fév - 16:31

C'est noté merci, on voit bien que le stagirite lutte avec le langage, c'est fascinant.

Concernant le De Anima, je suis resté coincé longtemps sur le sensible accidentel ; et comme dans les jeux vidéos il existe des soluces et des cheats, avec Aristote il y a Thomas le Taquin. Du moins à propos du chapitre 6 livre II il est très clair, à tel point qu'il soulève un bon problème bien fastidieux, cf le deuxième paragraphe.

Bon de ce que j'ai compris : le sensible accidentel est le sensible qui n'est pas le propre d'un sens particulier (comme le blanc) et qui s'attache à tel sensible, le blanc en l’occurrence (le blanc de sa peau hein). Diairès est un sensible par accident, en effet il n'est pas sensible par soi, je peux le toucher, et même le manger, il est un sensible commun dont le blanc participe, il est donc le sensible accidentel du blanc.


#387. — En troisième (418a20), il explique le troisième membre de la division. On parle de sensible par accident, dit-il, quand on dit que Diarès, ou que Socrate est sensible par accident, car c'est par accident qu'il est blanc. Ce qui se sent par accident, en effet, c'est ce qui appartient par accident à ce qui se sent par soi; or il appartient par accident au blanc, qui est sensible par soi, d'être Diarès; aussi, Diarès est sensible par accident. Ainsi le sens n'est en rien affecté par cela (324) en tant que tel. Les sensibles communs et les sensibles propres sont tous par soi sensibles, mais les sensibles propres sont sensibles par soi proprement. En effet, l'essence de chaque sens et sa définition réside en ce qu'il est apte de nature à être affecté par tel sensible. Car (325) la définition de chaque puissance consiste en sa relation à son objet propre.

#388. — On rencontre toutefois ici une difficulté pour la distinction des sensibles communs par rapport aux sensibles par accident. Les sensibles par accident, en effet, ne sont saisis qu'en autant que les sensibles propres le sont; et pareillement, les sensibles communs aussi ne sont saisis qu'en autant que les sensibles propres le sont (326). Car jamais la vue ne saisit la grandeur ou la figure, sinon en tant qu'elle saisit l'objet coloré. Il semble donc que les sensibles communs aussi sont des sensibles par accident.
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